Surprise!



Les arums blancs fanés depuis au moins quinze jours, voilà qu'il en fleurit des rouges, et venus d'eux-mêmes!
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P.S. , 2 mai 2020 : le blancs refleurissent tous les ans, comme cette année très tôt, mais cette floraison écarlate ne s'est jamais reproduite. 

Petite suite

Lu avant-hier ou hier et retrouvé sur un journal en ligne que les bons dormeurs bénéficient d'une maîtrise de soi qui échappe aux autres, à ceux que le manque de sommeil condamne à être le jouet de leurs pulsions et autres compulsions, parmi lesquelles cette tendance à accumuler les choses où je n'ai pas eu de mal à me reconnaître. Ce genre  d'information fonctionnant il est vrai comme les horoscopes, tout le monde peut s'y retrouver, mais ayant entrepris de me débarrasser des livres que j'ai amassés, je me rends compte à quel point j'ai approché la manie, et ne suis pas sûr d'arriver à m'en défaire.

L'étude en question évoque aussi la difficulté à prendre des décisions. Pour ma part, je trie mes livres en plusieurs catégories : ceux à recycler, ceux à donner, ceux que j'essaie de revendre et ceux que je garde - même si cette bibliothèque personnelle m'apparaît elle aussi démesurée et déjà promise à un tri ultérieur (ou la manière de ne jamais en finir).

Hier après-midi, comme j'examinais ainsi un livre édité par Robert Morel dont je n'avais même pas lu le titre, et que je l'avais ouvert au hasard pages 146 et 147, ce que j'ai pu y lire m'a beaucoup surpris :

Le syndicalisme paysan n'a pas fait attention quand l'industrialisation lui a fait la loi. Il n'a pas tiré profit de la connaissance panique, originelle. Il a tenu pour négligeables les franchises relatives qui tenaient lieu de liberté. Il a demandé le libre-arbitre mais il ne l'a pas obtenu.
Il y a dans le monde une grande dispute entre l'ordre et la liberté. Mais l'opposition entre ces deux termes n'est qu'une apparence. En réalité, les politiciens rivaux sont d'accord sur les moyens de discuter. Il n'y a pas entre eux de litige sur le libre-arbitre.
Autre chose est la vraie dualité du monde. La rivalité est posée entre les hommes et la terre; entre les humanismes fondés sur le libre-arbitre de la raison et ceux fondés sur l'arbitrage de la terre. D'une part se trouvent réunis tous les raisonnements même rivaux. De l'autre : les sanctions de la nature. D'une part les grands vœux des civilisations. de l'autre l'émergence de l'insolite, de la guerre, de la souffrance, de la mort.
Pourquoi se réjouir du libéralisme? Pourquoi se réjouir du socialisme? L'un et l'autre se servent de trop de misères oubliées.
Les nations ennemies ne sont pas contraires, elles se fâchent pour la possession d'un même bien par le moyen des armes. capitalisme et socialisme ne sont pas contraires, ils se poussent pour la possession des mêmes biens par le moyen de l'industrie.

Je suis alors allé à la première page et y ai lu l'incipit :

Puisque nous sommes ici, il faut tirer notre subsistance de ces lieux enclos sous l'horizon, et accomplir notre destin en ce cercle de plaine penchée vers les marais.

Autant dire tout de suite que je retrouvais là tout ce qui ne m'apparaît évident que depuis moins de dix ans, même si la lecture de Lanza del Vasto il y a beaucoup plus longtemps en avait déjà laissé  en moi comme la graine endormie.





Cet exemplaire de la deuxième édition de La vie simple de Jean Rivière est paru en 1970 et l'achevé d'imprimer de la première, qui date de l'année précédente, se termine ainsi : "...QUAND LES HOMMES COMMENÇAIENT À NE PLUS SAVOIR COMMENT ON PASSE DU PRINTEMPS À L'ÉTÉ, / EN 1969"

Livre à lire et garder, ou encore à donner.

Ce matin très tôt, écoutant France-Culture il m'a aussi plu de d'abord être conquis par une voix et une parole, et d'avoir su ensuite qui était l'invité : William Friedkin parlait de son film Sorcerer (Le convoi de la peur, 1977). Il expliquait notamment que cette (deuxième) adaptation du Salaire de la peur de Georges Arnaud était pour lui comme une métaphore du monde, où les hommes qui se haïssent les uns les autres n'ont en fait qu'une alternative : mourir ou vivre ensemble. Il s'exprimait en anglais, et chose rare, une traduction aussi respectueuse pour eux que pour les auditeurs permettait d'entendre alternativement et le locuteur anglophone et son interprète. Le réalisateur ajoutait - je traduis peut-être à ma façon - que le mal, que la guerre était aussi intérieure à l'homme, et que c'est à la vie de prendre le dessus.

Banalités, pourra-t-on me dire. Mais c'est ailleurs que j'entends des bavardages, que des gens parlent pour éviter de dire.