Henri Barbusse, Force












Ernest Flammarion,
éditeur
9-1926




"Trois films":
 
Force

Livre commencé 'pour voir', mais l'écriture, les phrases aux métaphores souvent raccourcies, le rythme de la langue m'ont assez plu pour que je le finisse. Ce premier texte en occupe presque la moitié. L'époque ancienne revisitée dans une fiction en partie fantastique fait penser à J.-H. Rosny aîné. Les concepts de la philosophie antique se mêlent à l'évocation des opprimés et oppresseurs de la modernité.
 
L'au-delà

Ce deuxième texte, plus court, est lui ancré dans la modernité. Auto et avion, comme chez Apollinaire ou Cendrars, sont désormais entrés dans la littérature comme dans l'histoire, mais l'ivresse de la mécanique  n'empêche pas d'imaginer la survenue d'une fin du monde, sous la forme d'une pétrification générale des habitants, dont le narrateur se retrouve à son atterrissage seul spectateur. Cela me rappelle un autre livre, lu il y a quelques années, dont je n'arrive pas à retrouver le titre, pensant d'abord à Jacques Sternberg. Recherchant à partir du souvenir d'un Paris désert d'après catastrophe, je constate que je n'en étais pas loin : c'est L'heure, de son ami Walter Lewino. Ici, la catastrophe permet au personnage épargné de reconsidérer la société qui était la sienne, seul (ou presque?) à ne pas avoir été transformé en statue fragile de cire ou de sel.
 
Le crieur

Pour finir, cette sorte de fable, de conte plutôt, à la fois réaliste et fabuleux,  met en scène une sorte de vagabond exemplaire qui arrive à imposer la vérité pour finalement mal tourner. Les paysages écrits m'ont rappelé Giono et les harangues du crieur certains accents de Lanza del Vasto. En tout cas le sud. Mais feuilleter encore ces dernières pages fait apparaître aussi, juste devenus sérieux, Marcel Aymé et Jacques Tati.

Lire et écrire, noms et temps composés.