Il n'y a eu...
... que temps perdu.
Que des secondes d'un peu de vie dans la caverne du mort-né. Il ne
sait pas quel lange, quel sourire, quel scaphandre aux semelles de
plomb, quel boulet a entravé ses pas, quelles menottes ont attaché
ses mains.
Il
y a eu le nom comme un camion de terre déversé sur lui dans le
soleil d'un matin d'été, il y a eu les rires qui pulvérisaient ses
gestes, il y a eu les voix qui prononçaient verdict et énonçaient
les peines, il y a eu les bêtes sous chaque chose soulevée, il y a
eu la honte dans le désir de voir, peur aux fenêtres et aux portes.
Il
y a eu PERDU écrit au dos des emballages des bonbons du dimanche, et
le crayon lui-même n'a jamais su rien d'autre que courir à sa
perte.
Car
les habits du personnage de composition n'ont même plus cours dans
les réserves muséales. La messe a été dite et le rideau est
retombé. Que place soit faite à la ducasse sans lieu, à la musique
joyeuse du définitif plaisir d'être. Dehors les morts.
Les
passantes continuent de marcher sur les tombes.
L'alchimiste blanchi aux gaz des
alambics
Voudrait du coup ranger les
grotesques, les grands
Projets d'ors mirifiques des saisons
fanées,
Voudrait Stop ! ne plus croire aux
films à la Warner,
Le marin immobile des ronds-points
ronflants
Ne pas savoir brisée la lampe de
Vincent -
Des troupeaux cultivés vont le long
de la plage
Dévorant les épaves du mort sur sa
gîte
Et de jolies baigneuses bronzent
dédaigneuses
À l'arc-en-ciel clinquant des
écrans à cristaux :
Bikini chimérique et regard de
santons.
Ali-Baba a - où ? -blié le mot
Sésame
Et le coin d'un sourire ourdit noir
tamisé
Le Tu veux voir des nus ? des
allumées funèbres.
(Jeudi 11 novembre
2010, dernier état du devoir
de mémoire,
écrit
pour un projet de Guy Ferdinande )
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