Elles étaient de sortie

et pour ne pas, pas déjà, pas encore, pas tout de suite mourir, encore tenir au peu qui tient lieu d'essentiel, faute d'avoir ou être collecter consigner les produits du hasard

Hier soir, après l'erreur d'avant-hier, autant indécision que lecture erronée de l'heure du film, j'ai pris la route du cinéma pour la séance de huit heures dix. Arrêté à la balise de la voie qui traverse tout le quartier, j'ai vu tourner, venant des rues en face, une longue auto blanche. Limousine : un de ces mots qu'on emploie si peu qu'on n'en est pas toujours très sûr. Les vitres noircies dudit véhicule empêchaient qu'on en voie les occupants. Comme il avait pris le chemin de la rampe en direction du centre ville, je l'ai forcément suivi. Rue de V., il m'a semblé que le conducteur roulait volontairement très lentement et j'ai pensé : par provocation. Un bras nu, dont on ne pouvait pas dire s'il était masculin ou féminin, passait par la vitre arrière de droite et, comme on dit, faisait signe, signe que je trouvais évidemment moqueur. La voiture arrivée au niveau de la poste, le dépassement d'un groupe de jeunes sur le trottoir de droite a donné lieu à un échange bruyant avec les passagers, les et les autres parlant apparemment le même idiome des rues. Au rond-point du théâtre, deux ou trois bus s'étant intercalés, j'ai perdu de vue l'inhabituelle automobile.

Au cinéma, peu de monde dans la salle – des couples et moi seul. Le film commence par une exposition magistrale de grands tableaux ralentis qui à eux seuls méritent le déplacement. Lars von Trier : Melancholia. Lettrage manuel, très graphique, puis première partie : Justine et Michael, jeunes mariés, sont filmés coincés dans une limousine blanche, elle-même coincée dans une route trop étroite.