Allô, vous êtes bien monsieur Untel? Oui? Je me présente, je suis madame Une-telle, je vous téléphone de la part d'E.D.F. (ou d'Orange, ou de La Poste, de la banque Une-telle, peu importe, tous les mêmes...). Je tiens à lui faire savoir que j'ai horreur du téléphone (et encore plus si c'est pour me proposer quelque chose que je n'ai pas demandé) et que ce n'est pas la peine qu'elle se fatigue et qu'elle perde son temps, mais voilà qu'elle ne m'écoute même pas, qu'elle continue à parler sans m'écouter et que que je suis obligé de lui crier que S'ILS ONT QUELQUE CHOSE DE VRAIMENT INTÉRESSANT À ME PROPOSER ILS PEUVENT M'ÉCRIRE, ILS ONT MON ADRESSE, et que JE VAIS RACCROCHER SANS EN ÉCOUTER DAVANTAGE. Ce que je fais.
Ce sont les mêmes "personnes" qui, lorsque vous leur soumettez un problème les concernant, vont vous faire attendre au bout de la ligne ou bien laisser passer des semaines avant de répondre à votre courrier, voire mieux : ne jamais répondre à vos questions écrites. Tout ce que les nouveaux seigneurs veulent, c'est avoir des esclaves, ou enchaînés aux sous-emplois des centres d'appel, ou abonnés tant et tant à ci et à ça, et surtout qu'ils communiquent entre eux autant que c'est possible, qu'aucun clapotis ne les atteigne eux dans leurs donjons, et surtout qu'eux-mêmes ne laissent plus aucune trace écrite. Ne plus se mouiller, ni transférer à des subordonnés une parcelle de responsabilité. À quoi bon risquer d'y perdre des plumes quand les robots ont à tout coup la bonne réponse et que des hommes et des femmes sont réduits pour vivre à leur prêter leur voix?