Jacques Sternberg : La Banlieue

"Roman"
Bibliothèque excentrique
Marabout 1976

Couverture illustrée par Gourmelin

Sur Jacques Sternberg, lire dans
La Nouvelle Revue Moderne
du printemps 2007 (n° 19) :
Un bricoleur dans l'impossible
de Phil Fax,
Mon frère ce ludion
de Walter Lewino et la

bibliographie établie par
Éric Dejaeger.

Avis aux lecteurs : rien à voir avec les banlieues dernièrement médiatisées. Cette banlieue, mentale s'il en est, est malgré tout liée à une ancienne image de la ville, quasi effacée aujourd'hui, au même titre que celle du terrain vague. Je ne l'ai pas fait exprès, mais ce n'est pas un hasard si on arrive au nom de la maison d'édition d'Éric Losfeld dont je recevais les publicités dans les années soixante. Je me souviens , entre autres, de la couverture de Toi ma nuit, autre livre de Jacques Sternberg.

Pour dire aussi qu'il ne s'agit ici que de choses qui me sont passées par la tête, et non d'une étude. De l'ordre donc des connexions personnelles plus ou moins actuelles. À un moment donné, l'auteur ayant d'abord décrit cet univers parallèle comme une juxtaposition de cellules, chambres, bureaux et autres pièces qui ont pour particularité de disposer de portes s'ouvrant sur d'autres dont la destination est toujours imprévisible et de toujours servir de corridors, les gens de passage déstabilisant ainsi le lieu lui-même, le héros en vient cependant à considérer cet univers comme l'ombre du monde qu'il a quitté, pour ne pas dire le nôtre et sa supposée réalité. Il faut dire que les curieux banlieusards y semblent mimer la vraie vie, poussant simplement à la limite l'inutilité, l'inversibilité, la vacuité etc., de l'activité humaine, comme dégagés de toute implication logique ou économique, comme sur la piste d'un jeu de société où même la règle aurait été réduite à son son plus simple simulacre.

Il m'est alors venu l'idée d'appliquer la description à Internet et à ses blogs. Ne suis-je pas dans une case où tout le monde peut passer, ne puis-je pas y jouer tous les rôles sans que cela prête à conséquence? Ne me suffit-il pas de cliquer sur un bouton pour passer dans le blog à côté sans savoir ce que je vais y trouver? Ne sommes-nous pas seuls, même à l'instar des habitants du livre avec comme une lumière dans le regard? Ne sommes-nous pas de l'autre côté, ou au mieux laissés en plan? Ou bien était-ce déjà ainsi au temps du livre?

Si Jacques Sternberg retourne ensuite la problématique, cela n'arrange rien, bien au contraire.

Comme je le fais assez souvent, j'ai noté à la fin du livre des noms qui me venaient à l'esprit pendant la lecture. Là aussi mes connexions à moi, et d'intérêt souvent local; dans le cas présent : Mandiargues, Béalu, Delvaux (Paul et André), Chirico, Escher, Kafka, Robbe-Grillet, Sarraute. Et ce n'est que tout à l'heure que j'ai pensé à Vian : j'ai tapé "vian / pékin / autobus / désert" dans le moteur et je suis bien retombé où je voulais revenir. Henri écrit le 23 septembre 2004, à propos de L'automne à Pékin :

Étonnant récit de la vie en Exopotamie, un curieux désert où l’on arrive par l’autobus 975 (qui dessert la banlieue).

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