Time Has Come

jnp 2006: quatre cartes envoyées en décembre

Nous ne nous

Nous ne nous sommes
Des photos des images
L'incompréhension
Les carcans qui tuent

Quelle planète
Quelle lumière
Quel est le fardeau
Le prix à payer

Est-il possible
De gommer ses pas
Où changer d'erreur

Dans le grand dégât
Du ne pas vouloir
Abandonné transi

jamais rencontrés
la folie solitaire
la peur du coupable
jusqu'au goût de vivre

que votre autre-là
passés les barreaux
la longueur de chaîne
du côté de l'homme

de rebrousser route
l'Y est loin
nul pardon ne persiste

du soir arrivÉ
se voir au déserT
à l'impossible étÉ

2005-2007, Jean-Noël Potte

A VOT[É]:

Marie-Ségonique SCHIKONET BOBU
(Roll over!)
Contribution de Lizsticks à mon projet d'art postal "Déjà daté".
Les vôtres seront les bienvenues : recyclez vos objets déjà datés pour le prix d'un timbre-poste!

Rousseurs












Boris Vian :

L'Écume des jours

Éditions J.-J. Pauvert,
achevé d'imprimer
le 29 décembre 1969

Quatre films

David Lynch fait partie des réalisateurs qui m’intéressent absolument : je suis prêt à voir tout ce qu’ils ont produit. Parfois je suis déçu par tel ou tel de leurs films. Ce fut le cas pour Inland Empire. Peut-être que j’attendais trop un autre Mulholland Drive. Mais mon intérêt pour l’auteur n’en a en rien été atteint. Il m’arrive aussi d’aller voir d’autres films : pour le genre ou pour une critique que j’ai lue – plus rarement pour un acteur ou une actrice, ou par curiosité.

C’est ainsi que j’ai vu Bug. J’ai pensé à un moment donné que son brio allait compenser le manque ressenti au spectacle précédent mais les choses se sont peu à peu gâchées. Peut-être l’aurais-je moins mal pris si j’avais su dès le départ que c’était un film d’horreur – mais je n’aime pas non plus trop en savoir d’avance. C’est de même que j’ai ensuite vu Anna M. : pas vraiment décidé. Comme dans le film précédent une technique et un jeu d’acteur irréprochables m’ont malgré tout tenu en haleine, pour m’amener décontenancé aux dernières images. Dans ces deux films, si réalisation et "histoire" correspondent parfaitement à ce qu’on est supposé attendre du cinéma : rythme, cohérence, intensité, c’en est trop pour ma part. Je me sens à la fin comme écrasé ou jeté à la rue.

Le quatre-quarts va pourtant lever. Jacques Rivette me fascine depuis Céline et Julie vont en bateau. Va savoir aura été à la hauteur, même à la télévision. Et si le dénouement tient de l’escamotage : "Qu’est-ce que vous êtes allés penser ? Tout va bien, entre nous !", il n’empêche que son train fantôme m’a mené de surprise en surprise deux heures et demie durant.

Résultat : mes fidélités n’ont pas changé. Je cherche à comprendre un rapprochement conjoncturel qui ne va pas de soi. Reprenons néanmoins les films un et quatre. Tous les deux recèlent une fiction enchâssée, non pas selon le mode du flash-back mais tissée dans le temps comme ces romans qui nous habitent ou qu’on croit écrire, et dont des bribes surgissent en plein quotidien. Est-ce sur le plan du travail, ou du style, qu’il faut alors opposer la légèreté partout évoquée de l’un à la désinvolture ici et là reprochée à l’autre ? La pesanteur narrative des films deux et trois a en fait relativisé ma déception initiale. Chacun à leur façon, trop ou pas assez, David Lynch et Jacques Rivette racontent en esquivant les pièges, approchant ou exposant le pire tout en laissant paraître la mise en scène foraine ou théâtrale, nous forçant à regarder en nous les intrigues et les drames dont ils ne nous ont pas délivrés.

Trop belle la chute. J’avais aussi pensé parler d’univers que j’ai plaisir à retrouver et trouve maintenant plus simple d’employer provisoirement le mot vocabulaires, d’aucuns y verront des tics ou des manies, moi non. Pacotille ou monnaie, leur valeur est peut-être ailleurs. Éclairages, tentures, personnages inquiétants pour l’un, chasse au trésor, ville fétiche et jeu d’équipe pour l’autre, l’amateur y retrouve son compte, voire s’y raccroche…

Quant aux acteurs, les ayant longtemps confondus avec l’image idéale qui les représente souvent, ou bien autrement enviés que les réalisateurs, l’intérêt que je leur porte est relativement récent. Ceux que j’aime ont les mêmes vertus que mes cinéastes préférés : mystérieux et ouverts, présents et ailleurs, et ont comme eux un grain : de folie bien sûr, jouée il importe, mais aussi au même titre qu’un papier ou une peau. Mon dernier béguin : Emmanuelle Devos. Ici, Jeanne Balibar a commencé à m’intriguer.

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* (2013) L'envoi n'a pas eu de suite connue

Le monde...

Le monde est maintenant tranquille, sans relief et culturellement mort : rien de véritablement neuf n’a été créé depuis l’arrivée des Super Seigneurs. La raison en est évidente. Il n’y a plus rien qui vaille la peine de se battre et il y a trop de distractions et d’amusements. Vous rendez-vous compte que tous les jours quelque cinq cents heures de radio et de télévision se déversent des diverses chaînes ? A supposer que vous ne dormiez pas et que vous ne fassiez rien d’autre, vous n’arriveriez même pas à suivre le vingtième du volume d’émissions disponibles à la seule pression d’une touche. Rien d’étonnant à ce que les gens deviennent des éponges passives qui absorbent mais ne créent jamais. Saviez-vous que le temps moyen passé devant le téléviseur est maintenant de trois heures par jour par personne ? Bientôt les gens ne vivront plus leur propre vie. Se tenir au courant des diverses séries télévisées familiales représentera un travail à plein temps!

(D’après Arthur C. Clarke, Childhood’s End, Del Rey - Ballantine, New-York 1974, p. 140-141. Ce roman de science-fiction a paru en 1953!)

Drapeau à prières

Pour le projet de Maxi Boyd
Pour ceux que j'inquiéterais : je pense qu'on peut aimer les drapeaux sans être nationaliste ni croyant.

Nausée et éblouissements

(version bêta)

Tout d’un coup pas vraiment : tu l’as vue venir la faille, la chute inévitable, le sol se dérobant sous toi. Tu quittes en plein soleil ce que tu avais encore une fois imaginé être ta trajectoire, ton voyage tant de fois remis enfin le vent en poupe, enfin l’oubli de tes attaches, du boulet aux chevilles, du ciel bleu barré. Ton hologramme lumineux de toute façon éteint, tu te sens à nouveau honteux et ridicule auteur et spectateur de tes débâcles rédhibitoires, et dans le film qui continue tu vois l’autre doublure volage te trahir sans scrupules.

Au loin la fête et ses plaisirs, loin la musique et les parfums, adieu amours et communions, tu te raccroches à l’emploi du temps jusqu’au prochain accroc, tu t’avoues tes bassesses : tu les espères ces déchirures, ces leurres placés comme au hasard pour abuser le chien que tu détestes, cette âme tapie indécollable qu’aucune leçon ne raisonnera jamais, prête toujours à en découdre, à te laisser comme transparent cent et une fois défait refait.

Comme un ivrogne attend le verre qui précipite sa déconfiture, tu attends les mirages et les apparitions, les guérisons miraculeuses et l’humour noir du papillon célèbre. Tu serres les dents et te cramponnes à la rugosité du jour. Ton chameau têtu traverse des déserts glacés, ton radeau oublieux te transporte secoué de Charybde en Scylla. Tu retiens ta haine et prends des médicaments pour faire passer le mal au cœur.

Surgie du mur ou de la foule, des Amériques ou d’à côté, née des présences ou simulacre, la vierge de Lourdes réapparaît ainsi : tout d’un coup pas vraiment. Tu y crois à ce point que tu lui fais signe de la main et qu’elle y répond. Dans une autre occurrence, quelques heures plus tôt ailleurs c’est elle qui commence. Tu te dis que tu n’en auras jamais fini. Que tu te voies ici tirer du vide ces objets kitsch made in China ne te tire pas d’affaire.