Je ne veux plus vous voir

Je ne veux plus vous voir dit-elle
Au type qui voulait la voir
La voir ou l’avoir Les voilà
Tout d’un coup à couteaux tirés

Vous ne croyez quand même pas
Qu’on vous voudrait vieux comme vous
Dit la maman et mère poule
Décidément femme à cheval

Entre admirer tout haut ses jambes
Et rajouter de la salade
Il y a un monde où les pantins
Ne doivent pas singer les gens

La belle allait vêtue mini
Mortel scandale Épiphanie
Païenne horreur de la famille
Comment peut-on être si fille

Comment peut-on faire si mal
Les souvenirs indélébiles
Plombent les jours du fou bâté
Menteur qui dit qu’un temps moud tout

Les deux à pied lui en auto
Un jour sourire en bas du pont
Un autre c’est la fin du monde
C’est à pied qu’on reprend les mêmes

On entend Je vous trouve belle
Je vous voudrais comme modèle
Photos dehors photos dedans
Que des sourires de Manon

Cela n’a pas duré longtemps
Elle s’était laissée aller
Lui s’y croyait comme un malade
Qui perd la tête à chaque idylle

Mais la pin-up s’était reprise
En accusant à double titre
Le photographe intimidé
Qui voulait tant la dessiner

Il a gardé du safari
Une vingtaine de photos
Et moribond joue les esthètes
En exhibant ses cicatrices

C’est le fruit d’un nouveau sourire
Soudain éclos comme une erreur
Comme un beau jour réédité
Sur le tain d’un écran douteux
jnp janvier 2007

3 commentaires:

hieronymus999 a dit…

Cher JNP, ce poème me touche plus encore que vos précédents, car j’en perçois la trame subtile. Du moins je le crois.
Notre pin-up, traversant le « pont » accompagnée de sa mère et de son enfant, souvent court vêtue, hiver comme été…
Assurément « tout ce qu’il faut » pour être modèle.
De photographe, ou de peintre, comme je l’ai souvent imaginé.
Je ne suis pas artiste.
Mais vous l’êtes, et avez pu faire ce qui restera pour moi un rêve.
Vous êtes allé plus loin, jusqu’à la limite, jusqu’à l’inévitable cassure.
De cette mésaventure, restent des images.
Quelques clichés photographiques, au charme magique, à la fois évanescent et tenace.
Comme un parfum.
Comme des souvenirs.
Comme des cicatrices.
Cruelle évanescence, et ténacité rassurante du fétiche.

hiero999

jnp a dit…

Cher Hieronymus999, il n'y a malheureusement rien à corriger dans votre lecture : merci de m'en avoir fait part, cela me libère au moins un peu du reproche qui pourrait m'être fait d'une écriture auto-centrée et me réconforte aussi après avoir pris le risque de faire paraître ici un texte intime destiné à l'origine à une publication papier.

jnp a dit…

Re-moi... Il y a quelque chose d'étrange dans votre message. En fait un détail exact qui n'est pas dans mon texte! Comme si vous aviez aussi vu.