cela est là dès le début

cela est là dès le début, cela n’a pas de nom, cela n’a ni forme ni visage, cela écrase sans bouger, cela empêche de marcher, cela empêche de bouger, cela n’arrête pas les rayons du soleil, cela l’affiche comme une réclame sur un écran que le condamné de droit commun ne peut pas éteindre, cela proclame un espace extérieur, cela le montre peuplé de gens qui parlent et se parlent, qui se touchent et touchent, des gens qui savent et peuvent et qui le disent très haut, cela sous-titre enfin l’été à l’intention de l’homme qui n’aura jamais su aller que d’un hiver à l’autre, deux ou trois fois affolé par des mirages qui avaient pris figure humaine pour en définitive ne faire que rajouter des pages à son casier judiciaire, cela se montre tout d’un coup derrière les apparences tranquilles du traintrain des jours, cela est comme un coup asséné redoublé jusqu’à ce que leçon soit sue, cela veut des louanges, cela délie juste ce qu’il faut les mains, cela veille à la conservation du ténébreux noyau, le prisonnier se plie à l’exercice du culte, repasse des lettres effacées et remarche dans ses propres pas, pense superstitieusement recouvrer par magie la folie qui était la sienne en d’anciennes parenthèses, en des temps où il croyait encore pouvoir un jour venir au monde, il croirait presque retisser ce simulacre de sa présence, croirait voir bouger ce tissu de mots et les choses et les êtres se remettre en place dans la tapisserie, il sait l’indicible, et cette poussière qui revient toujours

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