Hommage


à Albertine Sarrazin
(collage papier - scan numériquement rehaussé : passez la souris dessus! / roll over!)

24 novembre 2006


Paris diffère et se ressemble
Deux ans vingt ans Un autre psy 
Tu te reflètes et réfractes
Un délicat de vendredi

Un restaurant a disparu 

Stucs et dorures sont au top
Les Japonais pris en photo

Un chrysanthème écrit sans faute

Walt d’Amérique et Salvator 

Plus les portraits d’on sait pas qui 
Tu te dépêches et tu t’échappes
Grand air métro hors du panneau
 
Magie magie le changement 
Autre bobine et autre monde
Fripiers Tati et nuit tombée 
Halle si proche où si étrange

Unica Zürn* luit dans le noir 
On lui dit oui elle se tue** 
Yeux et insectes Immortelles
Sonne un tocsin inaltéré

**Lien ajouté le mardi 9 janvier 2007 au soir, après lecture de cette page dans le blog de Cynthia 3000
**Variante: Elle dit Oui j'efface tout
**(Ajoutée v
endredi 12 janvier au soir après avoir entendu en auto Peinture fraîche sur F.C. - émission écoutée pour U.Z.)

Étant donné 1 2 : MàJ

Mise à jour ou... mise au point.Étant donné que des amis (je dis 'amis' sérieusement) m'ont fait comprendre que mes projets étaient formulés de façon un peu trop sérieuse ou intellectuelle (ça doit être parmi mes défauts),Étant donné que certains correspondants semblent avoir des difficultés à mettre leur image au format demandé:- je souhaite simplement qu'on m'envoie, en pièce jointe, à l'adresse "etantdonne12 arobase hotmail point fr", une image horizontale de proportion 3 sur 1; son sujet est libre;- si vous ne pouvez pas mettre votre texte/scan/photo au format voulu envoyez-moi le fichier tel quel en m'expliquant quelle partie je dois garder, je vous soumettrai l'image formatée pour accord avant publication.
Amicalement

PS : réceptions visibles ici

Séance de projections

Étant donné l’absence patente de motifs floraux, étant donné l’incapacité flagrante du sujet ou si on veut son évidente mauvaise volonté, étant donné la disparition bientôt totale de tout accident terrestre, le vide désertique envahit inexorablement l’agenda. Abandonnés fantasmes enterrés fétiches, exit les jeux de la misère, exit les rêves de relations humaines, exit voyages imaginaires, re-bonjour les prémisses du fiasco fondamental.
Soit pour la joie comme une sorte de vernis, émail à froid ou transparent plastique, d’emblée posé sur les vignettes, sur les images des saynètes qui tournent en boucle sans spectateurs, son effacé il y a belle lurette, cellulose progressivement rétrécie : il faut une loupe pour voir bouger les choses dans le champ de fouilles, et la poser délicatement, ciel de verre globuleux, souvenir de Lourdes où sont les neiges, sur le manège des insectes intimes immémorialement piégés, fourmis à ailes et doryphores pédalant à tout jamais dans la résine des rétroviseurs…

Que verra-t-on, que saura-t-on de plus des projets mal barrés, des bateaux d’enfants restés en rade, des cerfs-volants si lourds qu’ils n’avaient jamais pu voler, jamais danser sur les ciels bleus des étés morts : qui a osé raconter qu’un jour une des rares jeunes filles qui avait voulu de lui s’était rendu compte que ça lui faisait plaisir qu’elle le serre dans ses bras et que quelques jours plus tard elle avait pris son vélo pour venir crier son nom juste devant sa maison, qui croirait qu’il a dit un autre jour je vais faire un tour puis pris un bus pour Nulle-Part-sur-Mer et qu’une fois là-bas il en a simplement pris un autre en sens inverse, qu’une autre jeune fille était assise à côté de lui, et qu’ils se sont touchés puis embrassés sans se connaître ni se parler, dites-nous vite s’il vous plaît où sont les parenthèses, où est le prochain arrêt? [...]

J.-N. P., été 2006
(À suivre in Comme un terrier dans l'igloo * n°90, revue parue conjointement sous le titre Jam-session avec La Nouvelle Revue Moderne, Ozila et L'Échappée belle
* Dan & Guy Ferdinande, 67 rue de l'Église, 59840 LOMPRET)

Étant donné 1 2 : Arts & lettres en jpg

Réalisez un message couleur dans un rectangle de 3 sur 1 horizontal (exemples : 3 pouces sur 1 pouce ; 6 sur 2 ; 15 cm sur 5 cm…) Texte et ou images/photos/dessins/collages/scans/calculs, c’est comme vous voulez, pourvu que le fichier final soit au format jpeg (extension ‘.jpg’). Les autres proportions ou formats ne seront pas acceptés. Envoyez-le en pièce jointe (évitez les fichiers trop lourds) avec un message e-mail à l’adresse etantdonne12 arobase hotmail point fr Cela suppose que vous acceptiez ce qui suit (exemple ): - les envois seront publiés sur jnp &, par paires, dans leur ordre d’arrivée ; - le titre du message blog sera « a & b » : a = nom ou pseudo de l’auteur du 1er message, b = nom ou pseudo de l’auteur du suivant. Il n’est pas nécessaire que l’image elle-même comporte ce nom ou cette signature mais il faudra obligatoirement l’indiquer dans le message e-mail. Cela implique l’utilisation de lettres ou symboles pouvant être tapés au clavier. Vous pouvez y ajouter des informations personnelles que vous voudriez voir publiées sous les images, comme une adresse de site, de blog, ou postale, ou l’annonce d’un projet, d’une exposition ou d’une publication. En ce qui concerne les adresses e-mail, elles ne seront pas publiées ni transmises à des tiers. Cette invitation peut être copiée collée à condition de ne pas être modifiée ou tronquée. Ne rétablissez pas les symboles « arobase » et « point » sauf pour envoyer votre contribution. Ou mieux indiquez simplement son titre et l’adresse de ce blog : Étant donné 1 2: arts et lettres en jpg - De Spookrijder Date-limite : 28 février 2007. Pas de documentation papier. N’envoyez pas 2 fichiers jpg à la fois ni 2 dans la même quinzaine. Ne les envoyez pas à mon adresse habituelle. Mais n’hésitez pas à m’y envoyer questions ou commentaires.

Aboutissement : ici

Enrichissement et restrictions


libéral : Qui ne rencontre pas ou qui ne s'impose pas de contraintes, de limites.
(Trésor de la Langue Française informatisé)
Carte d'Éric Bensidon, librement complétée

La solution...

...est le problème (ou l'inverse?)

Art postal : envoi libre.
Image recyclée et citation (poème visuel de John M. Bennett).

Les couleurs du temps 2006 (2/2)

Samedimanche gris le Pont-du-Leu est hors la ville
Vingt et trois visiteurs j’ai tenu compte des enfants
Des époux des épouses des amis et des voisins
Je n’ai pas vu passer ni étranger ni animal

Yves M. a téléphoné pour venir avant l’heure
Et Monsieur M. sans patronyme a osé cette année
Franchir la porte du garage mais le chat enfui
N’a pas voulu se rapprocher Pas voulu des caresses

Monsieur P. vient avec un de ses deux garçons Voilà
Qu’ils connaissent Xavier Qu’on lui dit Bonjour Monsieur H.
Yves Deux rassuré ne me trouve pas trop moderne
Et Danielle sa femme Tu ne nous avais pas dit

C’est justement les mots qui manquent Justement les vues
Françoise B. et son mari regardent les carrés du monde
Pendus par moi au bois flotté de la plage des Hemmes
Anita É. est sans son homme Elle veut voir l’enfant

Monsieur L. l’endemain n’a cette année ni chien ni laisse
Il redit Ces peintures je ne les déteste pas
Amélie leur préfère un nu croqué encartonné
Ses parents rentreront On boira bière et jus d’orange

Nous retiendrons pour le café Annick L. et France F.
Venues à deux en camarades comme un peu après
Deux apprenties du jeudi soir cette fois libérées
Hélène V. et M.-J. O. goûteront l'art postal

Puis voici Hélène H. que Jacqueline a invitée
Et les murs écroulés redimensionnent le théâtre
Brigitte entre mouillée Je pense il pleut Les femmes parlent
Il y a comme un vague Comme avant les dénouements

Catherine P. Julien et Marc Merci à vous aussi
Un arc-en-ciel à colorier sera le cul-de-lampe
De cet article de saison écrit sans trop s’en faire
Il est passé l’or du week-end Finie la comédie

Les couleurs du temps 2006 (1/2)

Je participe ce week-end aux
"Portes ouvertes des ateliers d'artistes",
manifestation organisée par la province de Flandre occidentale et les départements du Nord et du Pas-de-Calais.
J'expose les contributions reçues suite à mon projet d'art postal

"Faites-moi signe / Give Me A Sign"
ainsi que quelques unes de mes propres productions, dont des dessins croquis réalisés à l'École d'Art en
"Atelier modèle vivant".
Horaires : samedi 21 octobre de 14 à 18 heures,
dimanche 22 de 10 à 12 et de 14 à 18 heures.
Vous êtes bienvenu(e)s :

Poisson perdu dans l'Atlantique

Art postal : j'ai envoyé une carte à Adamandia pour son projet "A fishy Requisite".
C'était il y a trois semaines, et elle ne l'a pas reçue, alors que la documentation de mon projet "Faites-moi signe" envoyée il y a quelques jours est déjà arrivée. Je ne sais pas si le poisson s'est perdu tout seul ou s'il a été pêché!
...J'écrivais cela le 18 octobre. Aujourd'hui 24, bonne nouvelle : il avait seulement pris son temps et est maintenant arrivé à destination.

L'éducatrice







Par Guy-Wirta

Bonne Presse, collection "Bijou" VII , Paris 1938


Pas le genre de livre que je lis. Pas sûr non plus que j'y trouve une phrase correspondant à l'image de couverture.

There Is A Life

Art postal : Acrylique recyclée
Pour PINKY
23 impasse Rotrou
28000 CHARTRES FRANCE
Son projet : Robert Malaval
Format et technique libres, pas de date-limite

La féerie des eaux

Art postal :
couverture de périodique, timbres-poste et acrylique
Envoyé, dans le cadre de "l'eau dans tous ses états",
pour le projet de Jacques Jaminon
à l'Académie Internationale des Nutons
Engreux, 64, B-6663 HOUFFALIZE, BELGIQUE
Exposition des 150 contributions au "Vieil Engreux"
du 9/9/06 au 1/10/06

Ophtalmologie

Liberté, égalité, fraternité : est-ce toujours la devise de la République Française? Ou faut-il que je me demande si le Nord-Pas-de-Calais en fait toujours partie? Ou y a-t-il des interférences entre liberté et libéralisme?
Depuis quelques jours je me demande si ma vue n'a pas faibli et aujourd'hui 3 octobre j'ai téléphoné à mon ophtalmologue. C'est un répondeur qui m'a informé de la démarche à suivre : retéléphoner en janvier pour avoir un rendez-vous en mars ou avril. Disons six mois. J'ai téléphoné à Paris : je peux avoir un rendez-vous en novembre.

Ça fait des années que c'est comme ça, on s'est habitué à vivre un peu comme dans une de ces histoires de science-fiction où l'avenir n'est pas rose. Même pas eu besoin d'une bombe atomique. On est même prié de comprendre que quelque part c'est un peu de notre faute.
On ne sait pas se débrouiller, ici.

Déballage

Déballage au dernier moment
Drapeau rouge et chiffons en berne
Qu’avons-nous fait
Avons-nous écrit
Le petit chat est mort
La chèvre dit Monsieur Seguin
Vieux films
Le chemin en impasse
La clairière sans retour
La maison évanouie
Feues nos grands-mères
Les dents du piège
Le sourire du peigne
Le foulard fatidique
Le loup est fou
Série noire
Mots creux
Poche d’eau
Hier gronde
(Arrête tin crincrin…
Ce poème express servait et resservira ici d’introduction au texte en prose ci-après reproduit, les deux légèrement modifiés. Je les avais écrits en mai 1999 suite à une proposition de Guy Ferdinande ainsi formulée : « Qu’avons-nous fait du Petit Chaperon Rouge ? », dans le cadre d’une série de lectures publiques que lui et ses amis donnaient sous l’appellation « Dîners des Vilains Bonshommes et Vilaines Bonnes Femmes ».
J’y avais à cette date déjà participé plusieurs fois sans me sentir vraiment à l’aise ni performant, mais sans trop souffrir non plus, comme mis en confiance par les gens présents ou quelque peu à l’aise dans les lieux.
Ce soir-là, le 11 juin 1999 à l’Abattoir de Lillers, ce fut pour moi la catastrophe et une personne présente se chargea de me l’apprendre, comme si je n’en avais pas été conscient. Quand on se noie on le sent bien.)

Rideau tiré

Rideau tiré depuis longtemps. Rouge viré au noir il s’est fondu avec la nuit puis les jours successifs y ont peint leurs trompe-l’œil, intermèdes qui débordent comme des ballons obèses. Explosions et bris de verre, longueurs ou brio, ni le bruitage ni le métier des clowns intermittents ne feront prendre pour argent comptant le kitsch réel de la représentation désormais en cours mais on oublie le double-fond, on n’ouvre plus le tiroir secret du meuble. La scène dans l’ombre ou aveuglée devenue obsolète, les acteurs qui s’y retranchent l’assimilent aux coulisses et s’assoient sur la malle ou y posent leur costume. Incarcérés vivants ou remisés au rang des rêves, les souvenirs condamnés se cantonnent dans leur réserve, tournent en rond comme des animaux en cage ou se tiennent immobiles, tels des jouets mécaniques dont la clé est perdue. En réalité, on fait mine de ne plus savoir. Le labyrinthe enluminé du présent préambule sert de serrure au débarras, fantaisie à l’utilité ambiguë : étoffe-t-elle le vide ou étouffe-t-elle l’horreur ? Le sésame vient à point : tire la chevillette, la bobinette cherra.
Ce n’est pas la première image, la première impression, mais c’est encore le début du film, d’un des deux ou trois fils depuis le temps tressés, conducteurs dont les couleurs marquées se croisent sans se mêler. Rouge il est, rouge comme les briques de la maison basse dont il s’agit, dont on sait encore où elle était, dans la rue principale, pas loin de l’école, celle "des garçons" s’entend, pas loin de la première maison habitée. Si la mémoire retrouve aussi sa disposition parallèle au trottoir et le muret surmonté d’une grille qui en fermait la cour minuscule, plutôt allée courant le long de la façade, le reste n’est qu’une histoire dont on n’a jamais vu la pièce à conviction, et si la mère n’était pas morte on lui aurait demandé de faire un effort pour authentifier les faits. Dans l’impossible, on a brodé autour des bribes, mis en valeur ce détail essentiel, élevé pour pour un post d’après la bataille un monument plus ou moins jetable, dressé une stèle numérique et sans date – jusqu’à quel point de circonstance ?
Un soir ou un matin, un midi plutôt, émoi dans le village. Grand-mère Une Telle n’ayant pas ouvert sa porte ni répondu au visiteur banal, facteur ou autre, celui-ci a regardé par une fenêtre et l’a vue allongée sur son carrelage, la tête couverte d’un foulard rouge. Le voisinage probablement ameuté, quelqu’un trouvant ou ayant la clé ou la porte ayant été forcée, on découvrit alors que la vieille femme était morte, qu’elle n’avait pas de foulard rouge mais que son cadavre (pas grand) était bel et bien en train de se faire dévorer, et que son chef avait en premier lieu attiré le chien ou les rats - plutôt eux : pas d’aboiements rapportés.
Un animal des animaux. Histoire des années cinquante. Ah si Radar ou Détective en avait eu vent, quelle allure, quelle couverture ils lui auraient donnée ! Mais de pouvoir la réentendre malgré des réticences à chaque fois exprimées nous a longtemps suffi. Dis, maman, raconte-nous encore !
S’il faut faire aujourd’hui sa fête à la bête, un épilogue vient la confondre, quelque peu plaqué là. Dans ce coin où finissaient ou commençaient les Flandres, en ce temps où les watergangs existaient encore, dans cette plaine dont ils relayaient ou redoublaient les haies, un fossé pas assez large pour en être un suivait la route qui nous menait chez une de nos grands-mères, la maternelle. Les roseaux serrés cachaient l’eau pratiquement partout, sauf à un endroit donné, précisément à proximité d’une petite maison blanche autrefois habitée par une autre aïeule, arrière-grand-mère d’autres histoires et disparue avant notre naissance. Là, ledit fossé s’élargissait en mare à la surface composite, où le ciel inversé, comme il a déjà été dit ailleurs, disputait l’ombre du fond vaseux au vert acide des nuages de lentilles, et non pas comme en ces autres endroits appelés flots, où ces petits cours d’eau avaient leur berge adoucie en pente pour permettre aux vaches ou autres bestiaux d’y descendre boire. Non, cette mare-là avait les bords abrupts des puits et le danger qu’elle représentait était sans doute à l’origine de ce qu’on en disait à nous les enfants. Un, on aurait dans le passé essayé de la vider ou de la sonder sans succès : on n’en aurait pas trouvé le fond. Deux, elle aurait été l’antre curieusement aquatique (bonjour Lovecraft!) d’une créature monstrueuse supposée sortir dans le brouillard ou l’obscurité. Son nom : Grand-mère Grises-pattes.
Après le long prologue, cet appendice dénature l’histoire crue, comme le fait la moralité du conte de Perrault. Qui plus est, on a commencé par écrire et fini par parler. Plutôt que de se laisser ainsi aller dans les ornières des chemins battus, on ferait mieux de se taire ou de relire pour le plaisir un morceau de l’archive : cannibalisme, bestialité, inceste et pédophilie n’y affichent pas leur nom mais ne s’y dissimulent pas non plus.
Le loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit, sous la couverture :
"Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi."
Le Petit Chaperon Rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé.
Il ou elle. Passé présent. Tours de passe-passe.
Rideau.
Jean-Noël Potte, 1999-2006

Dentelle et perforations

Collagraph 12x14,5 cm sur papier 25x33 cm de 1998

Rapprochements et recyclages (3/3)

Art postal:
"Joconde" et "Série noire"Envois de la première semaine d'août pour le projet "Alyonka" de Ivan Zemtsov - Ivan les a postés à la date du 9 septembre : ici et ici

Rapprochements et recyclages (2/3)

Art postal
Courrier envoyé à Sylvie Gallet après un envoi pour son projet "Masques" et pour la remercier de sa participation à mon propre projet "Un signe".

Rapprochements et recyclages (1/3)

Première semaine de juillet dernier :
reprise d'une pratique de l'art postal
quasiment interrompue depuis plusieurs années,
et envoi pour le projet
"Feria de Primavera" de Serendipityart.
La partie gauche provient d'une carte fournie à cette occasion par l'initiatrice.
J'aime bien confronter ancien et actuel, noir et blanc et couleur, genres ou époques.

Give me a sign!

Give me a sign! Geef me een teken! Faites-moi signe!
= Send me a sign on a square postcard without an envelope
Deadline : September 15th

/ Envoyez moi un signe sur une carte carrée sans enveloppe
Date-limite d'envoi : le 15 septembre prochain.

When I started this mail art call I wasn't sure the contributions would be posted at all and only mentioned the address of this blog.
Now details are still here
But contributions already received are there

Quand j'ai lancé ce projet d'art postal je n'étais pas bien sûr encore de pouvoir mettre en ligne les envois reçus et je n'avais mentionné que la présente adresse.
Maintenant le projet est toujours ici
Mais les contributions déjà reçues sont

N.B.: L'illustration en tête du message est une matrice de collagraph réalisée en 1995

Les routes qui parlent

Le langage des murailles
En passant devant ces signes inscrits sur un mur ou une porte, on ne croit voir que fantaisies d'écoliers. Quelle erreur! Ce sont des vagabonds qui les ont placés là intentionnellement. Le premier, à gauche, signifie : "Gare au chien dans le jardin!"; le second : "Ici, on donne un viatique"; le troisième : "La femme est seule à la maison".
J'ai trouvé cet article il y a quelques jours en feuilletant une "épave" de la revue "Je sais tout" datant peut-être de 1934. La couverture et le sommaire manquant je ne sais pas le numéro du périodique ni l'auteur du texte. On trouve en bas de page les références suivantes : "6 ann., 2 semestre, III; - 34". J'ai recopié ci-dessus l'en-tête du texte et voici ci-dessous les autres illustrations:











Signes des pays de l'est et d'ailleurs, signes de la main...

Autres signes de vagabonds

Du champ du signe et de sa fabrication

[…] « Quelque chose attira mon attention : juste au pied du mur, sur l’herbe rase, un certain nombre de petits silex étaient disposés de manière à former un dessin ; quelque chose comme ceci. » Vaughan prit un crayon et une feuille de papier sur laquelle il traça quelques traits. « Vous voyez, continua-il, il y avait, je crois, douze petite pierres alignées et régulièrement espacées, comme je l’ai dessiné sur cette feuille de papier. C’étaient des cailloux pointus, dont les extrémités étaient orientées dans la même direction. - Oui, dit Dyson, sans manifester un grand intérêt, il s’agit certainement des enfants dont vous avez parlé ; ils ont dû s’amuser en sortant de l’école. Comme vous le savez, les enfants aiment beaucoup composer ce genre de motifs avec des coquilles d’huîtres, des cailloux, des fleurs ou tout ce qui leur tombe sous la main. - C’est bien ce que j’ai pensé ; j’ai simplement remarqué que les silex étaient disposés de façon à former une sorte de dessin et j’ai continué mon chemin. Mais le lendemain matin, alors que je faisais le même tour – ce qui est, en fait, mon habitude -, j’ai vu au même endroit une autre figure tracée avec des silex. Cette fois-ci, le motif en était vraiment curieux ; on aurait dit les rayons d’une roue, partant tous d’un même centre ; et ce centre avait une forme qui ressemblait à un bol ; le tout, vous comprenez, fait avec des silex. - Vous avez raison, Dyson, cela semble assez curieux. Il y a toutefois de fortes chances pour que votre demi-douzaine d’écoliers portent la responsabilité de ces fantaisies en pierres. - Eh bien, je pensais pouvoir régler aisément cette petite énigme. Les enfants passent devant la grille tous les après-midi vers cinq heures et demie ; j’y suis donc allé ce même jour vers six heures et j’ai trouvé la figure exactement telle que je l’avais laissée le matin. Le lendemain matin, j’étais sur place dès sept heures moins le quart et je trouvais le motif complètement changé. Une pyramide en silex se détachait sur l’herbe. Je vis les enfants arriver environ une heure et demie plus tard ; ils dépassèrent l’endroit en courant, sans regarder à droite ni à gauche. Le soir, je les observai lorsqu’ils repassèrent devant la grille, et ce matin, vers six heures, il y avait une sorte de demi-lune qui m’attendait au même endroit. - La série se présente donc ainsi : d’abord des lignes régulières, puis des rayons autour d’un bol, puis la pyramide et, enfin, ce matin la demi-lune. C’est le bon ordre, n’est-ce pas ? - Oui, c’est cela ; mais savez vous que cela m’a fait une drôle d’impression ? je pense que je vais vous paraître absurde, mais je ne peux m’empêcher de penser que des sortes de signaux se font sous mon nez, et cette idée est troublante. […] » (p. 23 à 25)

« […] Qui ferait des signaux, et à qui ? » (p.26)

« […] Je dois dire que tout cela me semble fort intéressant, répliqua Dyson. Continuons. Qu’en est-il des autres formes ? De l’Armée, comme nous pourrions appeler le premier signe, et du Croissant ou de la Demi-Lune ? » (p.27)

Arthur Machen : La pyramide de feu. Retz – Franco Maria Ricci 1978, La Bibliothèque de Babel, collection de littérature fantastique dirigée par Jorge Luis Borges The Shining Pyramid a été traduite par Francine Achaz

J'avais fini hier soir de lire cette nouvelle. J'ai eu envie aujourd'hui d'en citer un court extrait comportant le mot "signe". Je pensais le trouver à un endroit donné mais en fait n’avais absolument pas remarqué la série de mots utilisés par la traductrice avant d’arriver à l’occurrence du terme qui m’intéressait. Je serais curieux de voir les mots correspondants dans le texte anglais.

(dessin – figure – motif – fantaisie – signal – forme – signe, et plus loin (p.57) : symbole)

Faites-moi signe ! Date limite : 15 septembre 2006 jnp &

Les matins des nuits

Les matins des nuits où il a bien dormi, il se réveille les yeux fermés. Quel que soit le moment de l’année en cours, il est persuadé que c’est l’été et qu’il fait déjà soleil, il ne se demande même pas s’il pourra en être autrement.
De même pour les framboises, R. et lui se querelleront pour rire pour les mûres du jour. Il fera chaud et lumineux, les batteuses fossiles bourdonneront dans l’horizon à la fois lointain et proche, à la fois ligne et monde. Il n’aura même pas besoin de dénombrer combien il reste de papillons volant au jardin suspendu.
Sa mère fait la lessive et son père scie et cloue… Dites-lui donc pourquoi il faut alors que le film change, il n’avait pas fini l’époque que l’un fabrique déjà des cercueils en chêne et que l’autre se réveille des fourmis dans les mains, tordues de douleurs.
Le psy dit : Ouvrez les yeux. Comment voulez-vous encore être heureux après l’avoir autant été?
Il n’aime pas ses bonnes nuits, heureusement qu’il n’en fait pas souvent. Pareil pour les beaux rêves. Mais maso comme il est, il est capable de vous en écrire aussi trois mots un jour ou l’autre.
Poème express du dimanche 21 août 2006 après midi : version en 'il'.
Une version en 'je' a été envoyée à
"TOUSNOSJOURSSONTUNPOÈME":
"Si vous désirez recevoir [cette publication],
"comme une lettre à des sœurs, à des frères", [...]
envoyez quelques jolis timbres, un poème ou une illustration à
Christian Edziré Déquesnes,
125, rue du Général Délestraint, 59230 St Amand-les-Eaux".

Soleil noir...

...ou : Bikini délocalisé

Collage numérique à partir d'imprimés scannés : photo de presse et dépliant touristique.
Effet facile, je sais...


C'est été

C’est été comme hiver comme un bloc de coton
Comme un glacier d’enfer débarqué d’Acadie
Où les bruits assourdis n’ont pas plus de couleur
Que le papier hideux des rêves difficiles

Là les livres se taisent sans avoir parlé
Et un homme en retard balbutie ABC
Au carré transparent de la mentale épave
Chute chut cerf-volant Dieu n’est pas isocèle

C’est l’été c’est l’hiver c’est le terrier igloo
Aglagla sue à gouttes le cheval fardé
C’est les terres les sables c’est que le bât blesse

Encore un dit ravi le bison solitaire
Cette impression d’écrit a comme un goût d’Afrique
Mais on soupe longtemps de l’amourette à l’eau

Jean-Noël Potte

Parmi les travaux de J

« Parmi les travaux de Julien-bâtisseur, il y a, à cette époque, une entreprise qui donne à rêver : il construit, en effet, une cellule. Une vraie cellule, avec une forte porte, et des barreaux à la fenêtre. Pourquoi cette reconstitution du vieux cauchemar ? Ni l’un ni l’autre ne s’est expliqué là-dessus bien clairement, et toutes les hypothèses sont permises. Selon une lettre d’Albertine à son éditeur (qui la dissuade vivement de donner suite à ce projet) elle aurait aimé se faire enfermer pour écrire dans un décor nu qui rappelât le décor où elle avait le plus écrit. Une autre explication serait que le premier des deux tenté de faire "une bêtise" irait passer quelques jours dans la cellule domestique, le temps de se rappeler les bonnes raisons vite oubliées de ne rien faire qui rapprochât de la prison. Peut-être l’un et l’autre, mais surtout Albertine, avaient-ils pris conscience que les prisonniers ont beaucoup de privilèges, et sont très préservés de la dispersion du dehors. Peut-être avaient-ils besoin de retrouver parfois la solitude vraie, sans regards sur eux, - sans ce regard aimant, intelligent, qui les faisait presque transparents l’un à l’autre. Peut-être tout bonnement leur fallait-il une vraie cellule pour user et abuser du libre plaisir d’en sortir à volonté ? Pour être délivrés l’un par l’autre pour rire, comme ils s’étaient vraiment l’un l’autre délivrés ? On n’ose pas croire, quand même, que ce fût pour jouer à s’évader… mais qui sait ?
La cellule de La Tanière ne devait jamais s’achever. »

Josane Duranteau, Albertine Sarrazin, éditions Sarrazin 1971, p.194-195.

Albertine Sarrazin


Gravelines, vendredi dernier, croquis rapide, d'après photo reçue de Sandrine Dumarais

La secrétaire a téléphoné

La secrétaire a téléphoné : il doit passer, un papier à signer. Vraiment passer ? Oui. Lorsqu’il était parti, faute d’alternative, on lui avait dit qu’il perdrait son poste et il avait pensé qu’il n’aurait plus à y retourner. La peur le reprend.

Il y va mercredi après-midi, pour ne voir que l’administration. Curieusement, le parking est presque totalement rempli. Mais les volets du bâtiment administratif sont fermés, mauvais signe. Le lourd portillon métallique est fermé et la sonnette n’y change rien. Que quelques fenêtres de l’autre bloc n’aient pas le rideau baissé et que la porte centrale soit même ouverte ne lui donne cependant pas envie de d’affronter quelqu’un. Il reviendra.

Occasion entre-temps de refaire un de ces cauchemars où il se trouve dans un tel endroit incapable de se faire entendre ou d’être effectivement présent. Il a beau parler, la situation dégénère très vite. L’alignement de l’auditoire s’altère peu à peu, puis la salle se reconfigure comme naturellement selon un plan qui l’exclut : un grand vide au centre, et ça et la autour des agrégats irréguliers de tables, où l’on discute d’autres sujets, voire travaille à autre chose. Il n’y a en fait aucune opposition ou contestation verbalement exprimée, la question ne s’en pose même pas. Il quitte son bureau pour considérer le groupe à sa périphérie même. A lui la liberté de penser qu’il est out, que sa conception de l’ordre et de la forme ne cache qu’à peine carence et autisme.

L’ayant transcrit comme beaucoup d’autres rêves, avec les liens hypertextes appropriés, là l’imaginaire, là la réalité, il y voit une autre image. Tout en rappelant l’ancienne situation d’angoisse, le groupe problématique figure aussi sa transformation actuelle. D’une part, à l’extérieur (vers l’extérieur ?), des activités diverses plus ou moins structurées, mais sans véritable enjeu personnel, et au centre comme une déforestation grandissante la désintégration inexorable des pulsions vitales.

Retour à l’établissement et entrée furtive dans le hall d’entrée. La secrétaire le reconnaît et il a plaisir à la retrouver. Capable elle est d’être agréable sans lui demander si ça va. La personne qui va le faire arrive en riant comme si elle le retrouvait avec plaisir : cette bonne blague qu’il leur a faite de leur fausser compagnie ! Il doit comprendre qu’elle voudrait bien être à sa place, et qu’en fait la question qu’elle lui pose ne se pose même pas, bien sûr qu’il va bien.
Ce faisant elle l’a seulement aidé à répondre que ça ne le faisait pas rigoler d’être payé à ne rien faire. Sur ce elle est partie, et pour une fois, est-ce c’est qu’il fait des progrès, il n’était pas vraiment énervé et a pu en partant saluer la secrétaire comme elle le méritait en lui rendant son sourire. L’autre personne n’est pas ici mise en cause en tant que telle, mais à ce moment donné comme le visage narquois des bureaucraties et des directions de ressources humaines. Oui et vous, merci madame.

Comme il rentrait chez lui, l’homme au chien lui a dit, vous avez vu, votre garage se fissure. Oui il sait, oui il a vu. Vous devez pouvoir bénéficier de la garantie décennale. A moins que l’entreprise… Depuis plus dix ou vingt ans qu’il passe, tout juste s’il regarde ou répond des bout des lèvres si on dit bonjour. C’est la deuxième fois qu’il parle. La fois précédente trois semaines auparavant, après les grands vents. Vous avez vu, votre antenne est cassée. Merci monsieur.

Trop-perçus

Me préparant à enregistrer dans mon Journal des rêves la transcription d’un nouveau et vérifiant le nom des précédents fichiers, je m’étonne de voir dans la liste des icônes "texte" des icônes "image". Aurais-je rapporté des photos prises pendant mon sommeil ? Je pense plutôt avoir fait une erreur d’emplacement lors d’un autre enregistrement. Mais l’ouverture des fichiers me remémore vaguement ce dont il s’agit. Cette fois-là au réveil, j’avais eu envie non seulement de raconter quelque chose mais aussi de reproduire un élément graphique, en fait un signe dont l’incertitude a abouti à produire une suite de quatre états, tout autant invention que souvenir, j’en conviens volontiers. Mais le résultat que j’avais oublié ne me déplaît pas.

Coïncidence : je lis actuellement Histoire de cauchemars, un des recueils de nouvelles de la « Grande Anthologie du Fantastique » (« Presses-Pocket », 1977) et dans le récit que j’ai terminé hier ou avant-hier, Juste un rêveur, de Robert Arthur, le héros rêve si bien ou si fort que les objets imaginés finissent par acquérir des propriétés physiques visuelles et tactiles qui lui font croire à leur réalité, jusqu’au point de pouvoir par exemple caresser un chat apparu. Ce n’est qu’un début : les témoins éveillés les voient bientôt aussi !

Mes « suppléments » sont de beaucoup plus modestes :


Voir les derniers messages...

cela est là dès le début

cela est là dès le début, cela n’a pas de nom, cela n’a ni forme ni visage, cela écrase sans bouger, cela empêche de marcher, cela empêche de bouger, cela n’arrête pas les rayons du soleil, cela l’affiche comme une réclame sur un écran que le condamné de droit commun ne peut pas éteindre, cela proclame un espace extérieur, cela le montre peuplé de gens qui parlent et se parlent, qui se touchent et touchent, des gens qui savent et peuvent et qui le disent très haut, cela sous-titre enfin l’été à l’intention de l’homme qui n’aura jamais su aller que d’un hiver à l’autre, deux ou trois fois affolé par des mirages qui avaient pris figure humaine pour en définitive ne faire que rajouter des pages à son casier judiciaire, cela se montre tout d’un coup derrière les apparences tranquilles du traintrain des jours, cela est comme un coup asséné redoublé jusqu’à ce que leçon soit sue, cela veut des louanges, cela délie juste ce qu’il faut les mains, cela veille à la conservation du ténébreux noyau, le prisonnier se plie à l’exercice du culte, repasse des lettres effacées et remarche dans ses propres pas, pense superstitieusement recouvrer par magie la folie qui était la sienne en d’anciennes parenthèses, en des temps où il croyait encore pouvoir un jour venir au monde, il croirait presque retisser ce simulacre de sa présence, croirait voir bouger ce tissu de mots et les choses et les êtres se remettre en place dans la tapisserie, il sait l’indicible, et cette poussière qui revient toujours

Marques déposées

Empreinte
sur BFK Rives ®
de bouts de Scotch-Brite™
collés au dos d'un
échantillon de Formica®
jnp 1999
Puis ici le plaisir
un peu puéril
des exposants
et autres caractères spéciaux
N.B. : Le projet d'art postal / The mail art call
Faites-moi signe / Give me a sign
a été mis à jour / has been updated

Trompe-l’œil prosaïque

Le début du poème le déconsidérait d’emblée : "travaux de façade". Pas étonnant que le ravaleur fatigué n’en soit pas venu à bout, il fallait tout reprendre, ou tout rendre à la nuit.
Le matin un sculpteur , et en lieu et place du visage à retaper la table rase d'un bloc de pierre inerte et muet, vierge autant que Marie : depuis quand dit-on qu’il contient déjà la forme, que l’artiste la libère de l’emprise minérale ?
Piquer, tailler, y aller du burin, les éclats censés s’arrêter aux contours préexistants, comment sonder la dureté du bloc sinon les yeux fermés, oreilles tendues vers l’invisible, oreilles prêtes à rendre au lisible la beauté emprisonnée, un jeu d’enfant.
Mieux encore : le faiseur n’y étant pour rien, simple instrument de l'entité qui commande à tout, il ne lui est demandé que de s’abandonner à ce savoir et à cette force, que d’être outil humain agi et animé.
On voit d’ici l’histoire littéraire les mythologies polythéistes monothéistes animistes les théories psychanalytiques les cortèges et les manifestations les possessions les processions les processus les protocoles les kyrielles les kyrie eleison.
Chanter le la le vrai le juste.

Le sourcier réveillé a simplement buté dessus, et disjoint le caillou qui bondait la langue mais la voir ainsi débouler fait peur, quelque chose comme la mort pourrait bien arriver, et quelqu’un perdre au change.
Des papillons volettent dans les jardins rendus et les acteurs s’esquivent.

Pertes et profits








Fin :
JNP VIII-2000, peinture perdue



J.-M. R., La Voix du Nord du jeudi 25 mai 2006 :

La Poste égare cent copies de Sciences Po Lille
« C’est un fait rarissime. » Le ser­vice communication de La Poste, après plusieurs jours de recher­ches, se confond en excuses. Le paquet de cent copies de l’épreuve de culture générale pour l’admission en deuxième an­née n’est jamais parvenu à son correcteur.
« Il ne s’agissait pas de courrier traçabilisé, expli­que-t-on encore à La Poste. C’était juste un recommandé. »[…]

Octobre-novembre 2000, j’expose à Lompret, à La Petite Renarde Rusée. Je vendrai une petite gouache cette fois-là et une petite peinture acrylique après « In The Garage ». Quelque temps plus tard, je pense que je vais en vendre deux autres, commandées par un ami, artiste postal (on verra que c’est le comble) de l’Oise qui, n’ayant pas pu se déplacer, s'est décidé d'après photos. Les tableaux n’étant ni grands ni lourds et les emballer correctement ne me posant pas problème, je lui propose naïvement de les lui envoyer par la poste.


Expédiés en « Recommandé R3 » le 11 octobre 2002, ils n’arriveront jamais à destination. Après réclamation le 19 novembre suivant et de multiples courriers au bureau de poste local, au « Service Clients Courrier » de Libourne, puis au plus haut niveau que je croyais atteindre, à savoir la « Direction Générale de l’Industrie, des technologies de l’Information et des Postes, Service des Industries Manufacturières et des Activités Postales », soit plus de six mois d’échanges de lettres, je n’aurais jamais d’autre réponse que :

« Après enquête, votre colis a été déclaré perdu. […] vous avez été indemnisé le 17 décembre du montant forfaitaire correspondant. »
Aucune de ces réponses n’a jamais fait allusion aux questions posées par moi dès l’annonce, que je trouvais extraordinaire, de la perte.

Il m’était déjà arrivé, par mégarde, de mettre une lettre à la boîte de départ de mon bureau de poste, et de me rappeler ensuite que je m’étais trompé d’adresse ou que je devais compléter l’affranchissement. Lorsque je le signalais aussitôt après au guichet, je n’ai jamais eu de difficultés pour rectifier l’erreur, à deux conditions : que le courrier puisse m’être attribué sans aucune ambiguïté ; que la rectification soit faite par les employés eux-mêmes : pas question de reprendre en main propre la lettre mise à la boîte. Je trouvais ça bien. Cela me confortait dans l’idée que j’avais d’un circuit hermétiquement sûr dont le personnel était seul et pleinement responsable et je croyais que l’indemnisation des objets recommandés intervenait en cas d’incident majeur : catastrophe naturelle, incendie ou cambriolage. J’avais tort.
Alors qu’un seul département sépare nos départements respectifs, je n’ai jamais réussi à savoir aucune des circonstances de la disparition : où, quand, comment, sous la responsabilité de qui? J’ai alors compris que cette disposition était simplement prévue pour couvrir tous les dysfonctionnements possibles sans avoir à les justifier.

En ce qui me concerne, le problème n’est pas la valeur de mes productions. Un imprimeur local à qui je reprochais de n’avoir pas tenu compte de mes consignes écrites de mises en page d’une impression commandée m’a une fois dit que « de toute façon ça n’était pas génial ». Le problème est celui du travail attendu de tel ou tel prestataire, professionnel ou non. Un autre imprimeur, pourtant éloigné, à qui je reprochais d’avoir transformé un rouge vermillon en rouge carmin m’a simplement demandé de réexpédier les imprimés reçus. Quelques jours plus tard je recevais l’ensemble correctement réimprimé.
D’autre part, dans ma transaction rompue, mon correspondant faisait plus que payer : il donnait un sens à ce que j’avais fait et en attendait une satisfaction. Nous avons tous les deux perdu et quelqu’un d’autre en profite sûrement : je n’ai jamais reçu aucune preuve circonstanciée d'une destruction de marchandise. Des excuses, oui : autant que de lettres-types reçues.


La Poste aurait-elle changé entre temps ? Suite de l’article :

« Nous présentons nos excuses aux étudiants et à 1’IEP », lâche la responsable de la com­munication de La Poste dont un représentant participera ven­dredi à une conférence de presse avec la direction de l’IEP. Ce jour-là, on en apprendra sans doute un peu plus sur les circons­tances de la mystérieuse disparition.

Sans doute. Qui croit vraiment à une enquête ? L’intervention d’un responsable de la communication n’est pas de bon augure. Call centers et hotlines, tampons en tous genres, les seigneurs des châteaux plus que jamais inaccessibles volent (comme des oiseaux) au-dessus de la mêlée. Et c’est justement une coïncidence (qui n’en est peut-être pas une : y aurait-il article pour des particuliers non particuliers ?) qui me fait revenir sur ce chapitre désagréable. Une note termine la relation du fait divers :

~ Le 17 mai déjà, les candidats à l’ED­HEC avaient dû repasser une épreuve après la disparition d’un paquet de co­pies.

Science Po, EDHEC… Je ne veux ni ne peux polémiquer, ni dénigrer La Poste, ni surtout faire des reproches à ceux qui y travaillent : beaucoup partagent avec les usagers une même conception de cette activité civilisée. Mais je ne suis pas sûr qu’il en aille de même avec ceux qui la dirigent. Si seulement les politiques, commerciaux et autres directeurs de ressources humaines pouvaient à l’occasion se rendre compte qu’il manque ici et là un peu d’humanité non intérimaire… Mais aiment-ils leur travail autant que les facteurs l’aimaient?
Personnellement, je crois que comme avec ma conception du Courrier recommandé je me suis mis le doigt dans l’œil en disant oui à l’Europe : je voyais en rêve une extension à l’échelle continentale des services publics, chemins de fer et postes y compris, où aurait été réuni tout ce que chaque pays avait de meilleur en la matière.

Le titre de la deuxième peinture perdue* vient en partie du fait que je m’y suis servi d’un tube que je n’utilise pratiquement jamais, préférant reconstituer la couleur en question. Si jamais vous les voyez passer quelque part ...

*JNP 1-IX-2000 : Travail au noir


Les animateurs





J. Sauvageot / A. Geismar
D.Cohn-Bendit / J.-P. Duteuil
LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE
les animateurs parlent
Éditions du Seuil
"imprimé en France 6-68"
"L'histoire immédiate" collection dirigée par Jean Lacouture
Photo Elie Kagan



La collection méritait vraiment son nom. Que deux lettres à changer : il n'a pas fallu longtemps pour écrire agitateurs.

Faites-moi signe


Mail art call */

Projet d’art postal /

Postkunst project

Give me a sign /

Geef me een teken

Carte postale de format carré, dimensions maximum 20 x 20 cm
De préférence fabriquée, technique et support libre
Un signe = un seul - ni un mot ni un texte ni une image

Verso à votre disposition
; timbre et adresse du côté que vous voulez.(Le plaisir du donneur d’ordre : aux autres d’inventer des solutions…)
Date limite : le 15 septembre 2006Exposition en octobre + dès que possible sur  jnp & au fur et à mesure des réceptions
Pas de retour, documentation si réponse correspondant au projet et adresse indiquée.
(Si vous voulez la recevoir par email envoyez-moi votre adresse électronique; la mienne est ci-contre à droite, n'oubliez pas de la décoder. La vôtre ne sera pas publiée mais seulement utilisée par moi.)

Envoyer sans enveloppe à

JNP, 36 rue de Québec, 62100 CALAIS, France
*Please send me without an envelope a

homemade postcard of square format, size free up to 20 x 20 cm
Free techniques and media
A sign = one sign - not a text nor words nor a picture, except if this picture "gives a sign" (not a message)
Sorry the solution is left to you...
(If you do want to send me a message or another artwork as well, use the back as you like - stamp and address on any side)
Deadline : September 15, 2006Works will be exhibited on line as far as I manage to do it but in any case at the above address in October 2006
No selection, no return
Documentation if work relevant to the project and sender's address written

(You may let me know your email address by writing to mine:
"jan_o_neel at hotmail dot com" - I won’t publish yours but will contact you it in case of new projects.)

Ce grand garçon sensible



Roman d'amour inédit
par Claude Gérard
Les Éditions de la Gazelle
"Collection de Fontenailles" n° 53
Châteauroux, s. d.
Illustration Desmé

C'est un matin

C’est un matin que je dormais
L’histoire achoppe dans ma chambre
Montée du bas où qui venu
Une mort faute en noue le drame

Est-ce plus tard ma mère crie
Que la recrue va en pâtir
Je suis victime mais n’ai pas
Un alibi si impeccable

Noyé pendu le grand-papa
Savoir quand même me perturbe
Je n’ai pas pu barrer la croix
Et tu vois comme mes mots hurlent

Cinquante-trois années passées
Le désespoir est-il le sas
Du bathyscaphe où je griffonne
Une monnaie de mots masqués

On voudrait bien redémarrer
Rien qu'un voyage du manège
Or illusoire le répit
Argent perdu que nos histoires


Version légèrement modifiée d'un poème paru en 2001

"En amical salut à Jean-Michel Aubevert"
dans la revue Dixformes-Informes de Philippe Brahy
Adresse actuelle =
D:\Ecriture\Vers\Mesurés

In The Garage


L’héritage de mes parents avait aidé à le faire construire, et c’était un peu comme si je rapportais ici un peu des biens familiaux vendus, si ce n’était pas faire ce qu’on n’avait jamais réussi à matérialiser là-bas.
Le local attenant à l'emplacement voiture devait me permettre de dégager la maison de tous les bouquins amassés au cours de mes pérégrinations. Mais comme je faisais visiter le bâtiment tout juste fini à Xavier et Michel un vendredi soir après la gravure ils y ont vu un atelier idéal et Xavier a trouvé qu’il fallait au moins y faire une exposition avant de l’occuper.
A condition qu’ils m’accompagnent dans l’organisation, je me suis laissé dire. J’ai invité à exposer des gens de trois horizons : Guy Ferdinande et ses amis de la région lilloise, ceux de l’atelier de Gravelines et des élèves des cours de dessin de l’École d’Art de Calais.

L’exposition IN THE GARAGE eut lieu les 26 & 27 mai 2001. Y participèrent :

Agnès CARRON, Cap'tain NICO, Christine DAUBELCOURT, Guy FERDINANDE, Jannick GODON-WARNAULT, Jean-Jacques DE RETTE, Jean-Louis REULET, Jean-Noël POTTE, Joséphine DOMINAULT, Karine BRACQ, Margrit DELCROIX-GOBBI, Marie-José VASSEUR, Mathilde BOMMEL, Michel BUTSTRAEN, Nadège FAGOO, Nicole LOUCHAERT, Philip ALSICAN, Philippe LEMAIRE et Xavier HENNICAUX.

Ce fut pour moi un événement unique et l’exposition personnelle que j’ai pu faire par la suite et ailleurs ne m’a pas apporté la même satisfaction que cette expérience modeste mais collective. Je ne dis pas événement pour signifier important mais pour exprimer le sentiment de quelque chose qui arrivait un peu tout seul et en supplément à ce que chacun avait apporté de soi. On se sentait légers.

Ci-dessous : invitation à exposer et invitation à l’exposition.

(roll over)



Parade dominicale

(Morceau en tu) Quatre heures ou cinq, semaine ou dimanche tu te lèves comme tu en as pris l’habitude à courir les braderies et brocantes. Des années durant tu y as acheté des livres d’occasion et voyant que tu pouvais en revendre dans les salons et autres bourses aux collections tu as rêvé tout haut que tu allais t’installer bouquiniste pour fuir le métier qui t’était tombé dessus comme un boulet quand tu étais adolescent. Même pas eu le courage : peut-être - mais au fur et à mesure que tu avançais tu te rendais compte que ton stock ne t’aurait pas permis de vivre, et d’autant moins que tu avais souvent acheté par plaisir sans prendre en compte le marché réel. Ce que tu y as gagné est d’un autre ordre. Toi qui ne bougeais guère, tu t’es mis à sortir, à parler un peu et à rencontrer des gens, à vivre un peu leur vie. Le plaisir d’avoir fait cent kilomètres et de s’entendre interpeller par ceux qu’on connaît. Le plaisir d’en voir qu’on ne connaît pas et de comprendre rien qu’à les voir ce qu’ils sont en train de faire. L’excitation du départ, de l’installation, la chasse aux trésors, les découvertes, les déceptions. La marche au petit matin. Une vie parallèle. Lundi dernier lundi de Pâques, tu y es encore allé, l’addiction encore mais si peu, le plaisir au contraire de goûter du dehors. Le jour n’est pas levé que les rues s’animent déjà et cette animation n’a rien à voir avec la circulation habituelle. Elles se remplissent peu à peu mais inexorablement d’une foule étonnamment décidée. Tout le monde trouve à se caser. La police n’intervient que pour faire respecter le passage des pompiers. Les évangélistes exposent la bonne parole dans l’indifférence générale, y compris celle de la population que tu supposes musulmane. Il y a des villes où tu n’étais souvent allé qu’à ces occasions-là et lorsqu’il t’est arrivé d’y retourner en temps normal tu ne les reconnaissais pas, soit moins vivantes, soit trop bruyantes et arrogantes. Mais pour diverses raisons, la fatigue, la raréfaction des objets qui avaient un sens pour toi, et malgré tout une sorte de manque qui t’accompagnait, tu as quand même décroché. Quand tu te réveilles à quatre heures du matin et que tu n’as plus envie de dormir, tu considères un vide, un vide que tu avais sans doute ainsi bouché. Ce matin c’était clair : après le black-out des derniers jours, tu allais trouver ou retrouver une image à poster puis récrire un message. Mais tu savais la réalité. Chez toi, le plein. Du pain sur la planche. Tous ces livres et vieux papiers, toutes ces choses promises par toi à un bel avenir, les voilà pour l’instant rassemblées quasiment en vrac, les noyaux d’ordre éphémères enfouis sous plusieurs couches de sédiments. Livres à lire, livres à revendre, collections, matériaux réservés aux assemblages problématiquement futurs, tout s’emmêle et rejoint dans le même magma tes productions personnelles épisodiques, gravures au rebut et écrits en panne. Comment y retrouver quelque chose ? Tu as passé un bon moment dans ton local. La participation aux portes ouvertes d’octobre dernier t’avait permis un premier défrichage mais tu n’as fait que repousser le tas derrière tes cimaises de kraft. C’est vrai que tu n’as toujours rien fait d’autre que de t’abandonner au désordre pour une fois au bout du vertige te reprendre tant bien que mal. La peur : jusqu’où la tenter ? Tu as rouvert les boîtes de photos prises par toi depuis plus de vingt ans et les fantômes de ta vie t’ont sauté à la figure. Il est peut-être temps d’agir, de trier, d’ordonner, de cadrer ce qui peut l’être. Que tu te dis. Tu avais trouvé un titre qui jouait sur le mot "chine", tu avais théorisé la nouvelle livraison : ni journal intime, ni vraiment écriture, simplement une interface à l’oeuvre entre passé et aujourd’hui comme entre les pièces de ton semblant pulvérisé. Abandonné le titre, tu racontes ta vie et mouds le vent à grand renfort de phrases trop longues. Tu devrais effacer mais tu ajoutes coincé : ce qui se montre et s’écrit ici, ce qui arrive ici n’est jamais qu’écran. Tu pries assis pour qu’y advienne le théâtre d’ombres de l’enfance perdue.

Photo trouvée

Exergue

"Tout m'avait toujours été ouvert, ma vie n'avait été que l'interminable série de mes erreurs au sujet de ma vie."
(Emmanuel Berl : Sylvia, Gallimard 1952 p.249)

De rien

Ou les petits plaisirs du courrier électronique.
Il y a quelques jours, j’ai fait des recherches sur le web pour trouver des crayons à dessin.
C’est vrai que j’aime bien chercher pour chercher, mais il y a aussi que la distribution commerciale qui s’impose, celle des gros et forts qui rachètent les petits, aboutit à une soi-disant diversification de l’offre, alors qu’en fait deux ou trois marques seulement, quand ce n’est pas une ou deux, sont représentées partout, qu’il s’agisse de yaourts, de crayons ou de papier. Cela ajouté aux contrats d’exclusivité qui lient les détaillants, il devient impossible de faire des comparaisons. Il y a un type de crayon que j’aime bien en ce moment, mais je ne le trouve que dans une seule marque et je voudrais pouvoir essayer le même type produit par des fabricants différents (je trouve qu’il est bien, mais aussi qu’il pourrait être mieux). Je sais que la logique dominante veut qu’il n’y ait plus à la fin qu’un seul fabricant, un seul distributeur et un seul ayant-droit de chaque marchandise ordinaire. On en vient à désirer que le prix du pétrole monte encore pour revenir un peu en arrière exploiter les ressources naturelles et humaines régionales, ce dernier mot pris au sens large.
Je m’éloigne du peu que je comptais écrire mais je crois que ça m’amuse de contredire le sens apparent du titre.
Le regroupement évoqué ci-dessus n’ayant pas encore abouti, j’ai découvert que des crayons qui risquent de m’intéresser ont eu une longue histoire en Europe centrale et sont encore fabriqués en République tchèque. Le site du fabricant se présentant non seulement en tchèque mais aussi en anglais je vois que leurs articles sont vendus dans plusieurs pays pour lesquels ils indiquent le distributeur, mais la France fait partie des « autres », auquel cas il faut s’adresser directement au producteur. J’envoie donc un e-mail pour savoir si un habitant du Nord-Pas-de-Calais peut se procurer leurs produits.
Le lendemain ou le surlendemain je passe en revue la liste des indésirables de ma boîte aux lettres. Entre autres filtres le spam américain m’a conduit à écarter les objets commençant par ‘re:’, mais je repêche de temps en temps de vrais courriers et en l’occurrence l’extension ‘.cz’ m’a fait le même plaisir que les timbres étrangers à un enfant collectionneur. C’était la réponse à ma demande d’information et on m’indiquait les coordonnées d’une société française distribuant leur marque. Message en anglais bien entendu, mais peut-être parce que je vois que la personne qui l’envoie porte un nom tchèque et un prénom français, « Marie », c’est en français que je fais ce que je fais toujours, à savoir dire « Merci » aux gens des administrations ou des sociétés qui prennent la peine de répondre à un message écrit, même si c’est plus facile que par courrier postal.
Peu après, retrouvant dans ma boîte un message avec ‘re:’ et ‘.cz’, ma première pensée est que j’ai dû faire une erreur de manipulation, mais non. J’ouvre et trouve :
« De rien ».
J’ai trouvé ça extraordinaire. Vous allez dire qu’il ne me faut pas grand-chose.

(J’ai envoyé un autre e-mail à la société française distributrice. Aucune réponse à ce jour. Mes craintes : soit elle n’existe plus, soit ce sont des gens qui téléphonent. J’ai horreur du téléphone.)